jeudi 23 août 2012

La mort du langage et de la nuance.


Pas besoin de travailler pour TNS Sofres ni pour le ministère de l’éducation nationale pour observer la tendance de notre société à délaisser son propre langage. Les medias, qui n’ont jamais été les plus doués, semblent ne plus avoir de relecteur ni de censure dans la médiocrité dès que le medium d’expression n’est pas payant. Et encore, les journaux papiers payants sont bourrés d’erreurs. 
J’ai récemment parcouru quotidiennement un journal en version électronique, pas le plus réputé, mais tout de même un journal ayant pignon sur rue et la nausée venait en général au bout d’une quinzaine de lignes. Que de formules toutes faites, de synonymes utilisés pour d’autres sens, j’en reste sans voix … Il est vrai qu’il a toujours été commun d’avoir un pourcentage de journalistes n’ayant pas suivi de cursus de formation long, mais faut-il avoir faire Normal sup pour apprendre à lire et écrire. Bien sur que non, de nombreux exemples remarquables d’amoureux des lettres n’ont même pas leur Bac. Les fautes d’orthographes pures sont moins fréquentes, dans ce cas merci au correcteur automatique mais pour le reste, l’emploi des temps, les pièges usuels, l’articulation de la phrase, un naufrage. Je ne souhaite pas avoir un Proust comme rédacteur sportif pour nous relater les propos du célèbre humoriste et révolutionnaire de la langue Franck Ribéry. Mais faire une faute par ligne et compromettre la bonne compréhension de ses propos c’est bien trop. 
Alors que nous passons dans la société de l’hyper communication, les communiqués n’ont jamais été aussi mal écrits. La pléthore de possibilité d’expressioon semble cruellement grever le potentiel d’expression correcte. Le niveau général semble être en chute libre. Les mots utilisés de plus en plus standardisés et les messages courts finissent d’accélérer cette descente aux enfers. Ces textos qui parlent en phonétique, une horreur et tout ça pour économiser 2 caractères.  
Les canaux de la communication sont ouverts et pourtant ce qu’il en sort ressemble plus aux égouts d’une ville sordide et lugubre qu’aux canaux propres et soignés d’Amsterdam, certes il peut y avoir débat sur ce point. A banaliser le médiocre et à présenter comme nouveaux héros de jeunes demeurés, les chaînes télé avec leur Secret Pourri ne font encore une fois que le jeu des puissants, en n’offrant aucunement au plus grand nombre de possibilités de s’élever. Cette maîtrise des masses par l’abrutissement qui n’a jamais été aussi prononcé que sous l’ère de Sarkozy 1er ne semble hélas pas prête de s’arrêter. Et elle se poursuit à tous niveaux. 
Comment oser laisser passer les classes à des jeunes enfants qui ne peuvent qu’à peine déchiffrer des écritures simples. C’est comme les amener à l’abattoir. C’est par là, allez-y, ce n’est pas grave si vous avez commis des fautes sur le formulaire d’enregistrement, de toute façon ça ne sert à rien, vous allez à l’abattoir, l’ascension social n’y comptez pas, c’est une légende, écrire, vous n’en aurez plus besoin. La communication et l’expression sont les éléments qui permettent à chaque personne d’évoluer dans son milieu social et familial. L’expression des sentiments dans une multitude de nuances est le garant de la paix. Imaginons que quelqu’un ne sachant que peu utiliser de synonymes puisse avoir du mal à exprimer ses idées, ne puisse utiliser ces nuances, il n’a plus qu’un seul recours pour assouvir sa crispation de ne pas s’être bien fait comprendre, la violence. 
Ca parait très prof 68ard  de gauche de dire que le langage et sa maitrise adoucissent les mœurs et pourtant, j’en suis convaincu. Il serait de responsabilité publique que de prendre des mesures drastiques pour améliorer les exemples en libre service, je parle des émissions télés, supprimons cette télé poubelle et pour une fois essayons de tirer les gens vers le haut. Arrêtons les dégâts, choisissons mieux les programmes jeunesses pour débuter. Quand on voit la qualité et le niveau de langage de dessins animés des années 1980 comme par exemple les trois mousquetaires (en version chien), qui tout en étant bien compréhensible est constituée d’un vocabulaire bien supérieur à celui des dégénérés de TF1 ou de Dora qui au lieu de s’essayer à l’anglais ferait bien d’introduire plus de 15 mots dans son vocabulaire usuel, on se rend compte que c’est possible, reste à trouver la volonté.


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